Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
c'est du tout venant
Archives
8 septembre 2008

Terminal 2

J'attends. L'avion a du retard.

J'attends assise sur l'escalier, à gauche du panneau d'affichage.

J'attends et je regarde.

Le service de sécurité est renforcé, des militaires à béret, l'arme en diagonale sur leur ventre, font les cent pas à trois de front. Une dame traîne ses pas et sa fatigue et un chariot pour nettoyer et ramasser les restes des voyages.

Des gens pressés bousculent les errants, ceux qui attendent. Ils ont l'air agacé des gens qui savent où ils vont et souvent un uniforme qui prouve qu'ils sont d'ici. Ils fendent la foule des égarés en tirant derrière eux un petit bagage à roulettes luxueux.

J'attends.

Un homme s'assoit sur la même marche que moi  et déplie un journal. Libé, je ne peux m'empêcher de lire le nom du canard, pourtant, qu'est-ce que ça change. S'il avait lu le Figaro, serait-il venu attendre dans l'escalier ?

Deux jeunes hommes prennent place sur une marche plus bas. Ils attendent l'heure du départ du plus âgé. Un blond, grand, à l'aise, qui sent l'aisance et l'assurance et le plus jeune, brun, agité, un peu inquiet de voir partir son copain. Il lui tape des cigarettes qu'il fourre dans la poche de son sac . Il lui demande la date de son retour. Ce n'est pas la première fois car le grand répond avec un soupçon d'énervement dans la voix. En novembre, il reviendra. Il sera habitué au boulot et se sera fait du fric. Le brun lui dit qu'il n'a plus besoin de ses euros et quémande la monnaie pour payer le RER du retour. Le grand retourne ses poches, trouve quelques pièces et les lui donne à contre-cœur. Puis il se lève sans prévenir, aussitôt suivi par son compagnon qui s'accroche à ses pas. Ils s'éloignent. Leur vie pour moi s'arrête ici.

Ça y est, l'avion est arrivé. Ça commence à gronder dans la foule amassée à mes pieds. Je descends et me mêle au gros du troupeau.  C'est l'heure d'une autre attente, plus attentive. On guette, on avance, on joue des coudes pour apercevoir.

Des taxis lèvent bien haut leur écriteau. Des gens s'étreignent dans un sourire.

C'est bon, je le vois. Il me fait un signe de la main et me rejoint.

Il pose sa main sur mon épaule, se penche vers moi et claque sa bise sur ma joue.

Bonjour maman.


Publicité
Commentaires
C
Alors là, je ne sais pas si il y en a beaucoup qui l'achètent encore... qui achètent encore des journaux tout court même !<br /> (et Steph': je n'aurais jamais trouvé!)
Répondre
S
Histoire que vous ne passiez pas trois plombes à me chercher... :)
Répondre
B
STV > Tout pareil, sauf que moi, je ne suis pas partie.
Répondre
S
Pour avoir passé du temps dans les aéroports, dernièrement, j'approuve. C'est quand on prend le temps d'observer les autres qu'on réalise ô combien nous ne sommes qu'une goutte d'eau dans la mer. Certains n'aiment pas ça (l'être humain aime se sentir important), mais moi je trouve ça rassurant, quelque part...
Répondre
B
Chantal > peut-être, mais est-ce que ça marche, combien le lisent encore après avoir quitté les bancs.
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité