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c'est du tout venant
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10 octobre 2008

Oui

Avertissement : N'allez surtout pas croire que je raconte ma vie, que je pense qu'en dehors du mariage, point de salut. Je raconte ce que je veux même et surtout si ce ne sont que des histoires.

Et toc.

 

Mariée, oui mariée, on l'aurait pas cru.

On lui avait dit qu'elle était souillon, qu'elle ne savait pas tenir sa maison, on lui avait dit qu'elle disait plus vite qu'elle ne pensait, que sa langue effrayait, on lui avait dit qu'elle n'en faisait qu'à sa tête, que jamais elle ne se plierait, qu'elle était vouée à la solitude et au célibat. On lui répétait que jamais elle ne trouverait, qu'aucun n'accepterait. Et puis voilà, c'était fait, elle était mariée. Ah bien sûr, c'était pas celui dont on avait rêvé, c'était pas le petit gendre gentil avec lequel on lui avait rabattu les oreilles pendant toutes ces années.

Au début, elle n'avait rien dit, tout étourdie d'avoir accroché un poisson qui revenait se noyer dans ses filets. Elle avait gardé pour elle son impatience, ses espérances, sa chance.

Elle taisait les rendez-vous, de toute façon, elle taisait tout.

Et puis, on avait senti qu'elle n'était plus seule, que dans son ombre dansait aussi l'ombre de son ami. Alors, on s'était tu, on avait attendu. On avait cru à une passade, une de plus.

On avait dit :    

« ça durera le temps d'une chanson, il partira ». Elle laissait dire, muette pour la première fois. Elle ne croyait plus aux mauvais présages, elle ne croyait plus ce qu'on lui disait.

On avait alors énuméré les mérites d'un bon mari : économe, sobre, travailleur, sérieux. Elle avait ri.

Celui qu'elle avait choisi, celui qui l'avait choisie, celui qu'elle accueillait, qu'elle caressait comme un espoir,  cet homme-là, elle ne pouvait pas en dire grand-chose. Ce qu'il faisait, où il allait quand il la quittait, qui il rejoignait durant ses absences, elle ne le savait pas et s'en moquait.

On lui posait des questions, elle haussait les épaules et répondait sans hausser la voix que cela ne la regardait pas.

Elle avait la patience des chattes, regardait aller et venir celui que de toute façon, elle le savait, elle croquerait. Il avait résisté. Il était parfois parti. Et puis un jour, il avait dit : « Si tu veux, ce sera oui. »

Elle avait étiré son dos engourdi, frotté sa tête au creux de son aisselle, et avait pris sa main.

Au maire, ils avaient dit oui, devant les mines déconfites, ils avaient dit oui.

Ils avaient tourné le dos aux mauvais augures, ils s'étaient dit oui.


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Commentaires
B
Nefertiti > Merci et bienvenue.
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N
c est trop beau ;O)
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B
Sorgina > bien vu.
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S
"Elle avait la patience des chattes" : j'adore !!!<br /> <br /> On imagine les yeux qui fixent, qui scruttent, les moustaches qui frétilles, les muscles tendus dans cette immobilité si active des chats.
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B
Val > Oui, tu as raison.<br /> Tilleul > Merci<br /> Prax > ça vous a plu ?<br /> Madame de K. > Faisons fi des on-dit.<br /> Kris > Merci, mais l'histoire est finie.
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