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c'est du tout venant
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30 novembre 2008

Et je ferai de mon bonheur une oeuvre d'art

Quand je serai grande, je serai heureuse et je ferai de mon bonheur, une œuvre d'art, à défaut d'autres talents. Depuis ça occupe tout mon temps.

J'ai voulu laisser ce commentaire chez Sandrine qui parlait de sa recherche de la sérénité. Mais Sandrine est hantée par un facétieux croque-commentaire qui n'a pas voulu enregistrer mon message.

Quand je serai grande, je serai heureuse.
C'est quelque chose que je dis souvent quand on envie ma vie. C'est vrai que je réussis plutôt à ne pas me plaindre, à laisser la place aux bonnes choses.
Petite, j'avais hâte d'être grande. Mon enfance sans être malheureuse, fut terne, un peu triste, remplie d'obligations, de devoirs, de « il faut » et de « tu dois ». Mes parents, issus de la misère noire, enfants pendant la guerre, ont du travailler sueur et sang pour sortir de ce bourbier qu'est l'alcoolisme, la pauvreté et la soumission aux patrons. Ils ont gravi en une vie plusieurs niveaux de l'échelle sociale. Ils ont fondé sur leur fille aînée, unique pendant 12 ans des espoirs de conquête, de revanche et de réussite. Hélas, je n'ai pas répondu à leurs attentes trop lourdes, trop pesantes, écrasantes. Bien que bonne élève, je n'en faisais jamais assez à leurs yeux, mes résultats n'étaient jamais à la hauteur de leur ambition. J'aurais toujours pu mieux faire. Je brûlais d'impatience de grandir, de me libérer de ce joug et ne plus avoir de comptes à leur rendre. Pas de comptes, c'est être indépendante financièrement, je l'ai été dès mes 18 ans. Dès mes 18 ans, je suis devenue adulte avec la volonté de construire une réussite personnelle si elle ne pouvait être sociale. J'ai cherché à être heureuse.
J'ai cherché la source du bonheur.
Dans la débauche des sens, ce furent de bons moments.
Dans l'extase mystique, ça m'a permis d'aller en ashram en Inde et aux États-Unis. J'ai prié pendant des heures et récité d'étranges textes dans une langue belle et mystérieuse, le sanskrit.
Dans les cris et les pleurs des thérapies de groupe, j'y ai rencontré de solides amitiés et je me suis débarrassée de vêtements qu'on voulait me faire porter et qui n'étaient pas les miens.
J'ai cherché la source du bonheur.
Le bonheur n'est pas dans le carré de chocolat que je déguste en fermant les yeux. Le bonheur n'est pas dans le chocolat, il est dans l'attention que je porte à cet instant.
Depuis je goûte et je savoure chaque minute, chaque seconde, c'est un travail sans relâche. Être à l'écoute de cette source me permet aussi d'être à l'écoute des autres, même si, vous l'aurez compris  en lisant mes billets, je ne suis pas que bonne.
Je ferai de mon bonheur une œuvre d'art à défaut d'autres talents.
J'aurai voulu être une artiste mais je ne suis qu'une touche à tout.
D'aucuns vous diront que je suis musicienne, je sais déchiffrer une partition au piano, si elle n'est pas trop difficile, mais l'interprétation sera toujours laborieuse. J'ai une jolie voix, je ne fais pas trop de canards, mais si on m'a proposée de rejoindre le chœur départemental, c'était comme choriste de base.
Je fréquente les musées avec intérêt et un regard parfois critique et connaisseur, mais je suis bien incapable de produire la moindre originalité dans mes dessins.
Je sais écrire, je peux aligner deux phrases en leur donnant du sens, mais je n'ai ni la plume légère, ni le pouvoir d'émouvoir.
Bref, je n'ai d'autres talents que celui de prendre la vie du bon côté.

C'est pourquoi ça occupe tout mon temps.

Sandrine, réjouis-toi, le croque-commentaire a eu une  bonne idée en écourtant mon message en réponse à ta cabane de sérénité.

Quelques esprits chagrins diront que le bonheur n'est pas la sérénité.
    J'emmerde les esprits chagrins.


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Commentaires
B
Nicole & Alainx & Chris > Merci d'avoir fait le détour jusqu'ici, je suis contente que ce texte vous parle.
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N
Bonjour,<br /> je crois que je ne suis jamais venue ici, j'arrive grâce à Coumarine.<br /> Un billet tonique qui secoue l'éternelle pessimiste que je fus et que je fus dressée à être. Il arrive que la mélancholie noire s'infiltre et empoisonne le lait des biberons.<br /> Je ne bois plus de biberons ! OUF !<br /> Je reviendrai.<br /> nicole prof en france
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A
c'est bien de faire mémoire chez d'autres de nos anciens textes...<br /> Je ne connaissais pas celui-là.<br /> (Il faut dire que je suis chez toi un lecteur occasionnel...).<br /> l'aboutissement de ce que tu dis devient : être soi-même une oeuvre d'art...<br /> je trouve cela très interpellant.<br /> Merci. Ce texte fait du bien...
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C
Bravo ! C'est le seul mot qui me vient à la lecture de ton texte. Très beau, très très très beau. J'aime vraiment ce que tu as écrit. Je vais le relire par pur plaisir. Merci.
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B
Bonjour Fred, merci de ta visite, et transmets mes amitiés à votre hôte clandestin.
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