La route du Mesnil.
Un matin de janvier, un dimanche matin, il est tôt. On a rendez-vous. On se retrouve à plusieurs. Ils passent me chercher. Je suis prête. Je suis la seule à être debout dans la maison. J'ai pris mon chocolat et mon pain. J'ai débarrassé la table sans bruit. Je suis prête, je me suis habillée pour l'occasion. J'attends. Voilà, ils sont là, tous. Pas rasés, l'air embrumé, rigolards. Je sors, je les embrasse.
-Alors, t'es prête ?
Et on y va. Je les suis. Ils m'entourent. Ils ne veulent pas que je sois seule. Ils me parlent et se racontent entre eux des choses que je ne comprends pas. Nous y allons. Il fait froid. La campagne est déserte. Ils calent leur rythme sur le mien. Ils pourraient aller plus vite, mais non. Ils vont à mon pas. Ils en rient. Ils parlent un peu de leur boulot, beaucoup de leurs projets ; moi, je sais que mes devoirs sont faits, c'était la condition pour que je puisse les rejoindre.
Ils ont 20 ans et plus, fréquentent le même club d'athlétisme que moi, j'en ai 13, je suis leur mascotte. Nous courons dans la campagne, un footing de nettoyage après les fêtes, a dit l'entraîneur.
Je ne cours pas, je vole.