Italie
Ma mère a un frère, mon parrain, son aîné de 2 ans, dont elle est très proche. Il est marié à une fille du village, piquante brunette, d'origine italienne, qui lui a fait un gamin, mon cadet de 2 ans. L'année de mes 4 ans, il est décidé que les 2 couples et leurs enfants iront en Italie dans la vieille Panhart de mon père. C'est mon père qui conduit. Mon oncle est co-pilote et les femmes sont derrière avec les marmots et les provisions de bouche. Le voyage est long. De temps en temps, un des gamins se retrouve assis sur les genoux de mon oncle, devant, sans qu'on ait eu besoin d'arrêter la voiture. On passe par la Suisse, on a gardé longtemps une boîte de Frigor, souvenir de cette escale, dedans on y range des cartes postales.
On loge à l'hôtel, ça emmerde mon père, qui est d'humeur massacrante, et les pâtes servies tous les jours n'améliorent pas son caractère. Je porte une robe bleu ciel pour faire chanter mes yeux et des sandales de cuir blanc avec des petites étoiles dorées agrafées sur le dessus. Quand on est rentré, après les vacances, l'hôtel en faisant le ménage de la chambre en a retrouvé une et l'a postée avec une carte.
En soirée, on se promène, le jour il fait trop chaud. Mon père fume avec mon oncle, ils causent politique et les mamans papotent en nous donnant la main. Un soir, je suis seule avec mon père. Mon cousin est certainement au lit, ses parents veillent sur lui, ma mère est restée à l'hôtel. On marche à pas lents. Je suis fière. Mon père fume, je porte ma robe bleu ciel qui fait chanter mes yeux, je trottine, je bavarde, je pose des questions. Mon père m'achète une glace, on s'assoit pour que je la mange. Il fume devant moi, nous sommes face à face. Bien que ce soit le soir, une guêpe me pique. Je pleure. Mon père approche le bout rouge et brûlant de sa cigarette vers l'endroit douloureux. Je ne me souviens plus si ça apaise le mal. Je sais qu'il veut me soigner. Le reste importe peu.
On n'est jamais retourné en Italie, on va en Bretagne, au moins, on peut sortir dans la journée.