Vengeance
Sylvette, vous connaissez Sylvette. Oui, vous savez, la grande blonde en peu en chair, toujours perchée sur des talons, avec des couleurs qu'on peut pas la rater. Eh bien, Sylvette, elle a 55 ans. Si. On dirait pas hein? Pas mal, pour une vieille. Enfin vieille, je m'entends, elle est quand même plus de première jeunesse. C'est pas une croulante, d'accord, elle est encore appétissante, mais elle n'est plus dans la fraîcheur de son printemps. Bon, et bien voilà Sylvette, elle s'est dégotté un nouveau Julot. Un petit minet, je ne vous dis que ça. On aimerait bien le faire ronronner sur ses genoux, cet animal. Pas bien grand, plus petit qu'elle, je crois, baraqué, c'est un manuel, on voit qu'il fait travailler son corps, cet homme-là. Quand je le regarde de loin, dans la rue, de dos, je me régale, il a les fesses moulées dans son jean, c'est plus la mode mais crénom que c'est joli. Sylvette, elle lui donne la main, et l'autre bétail, il lui emboite le pas. Il a aussi une crinière, je passerais bien du temps à l'épouiller. A voir, comme ça, je dirais qu'il a le poil rêche. Et des yeux qui se fendent la pêche même s'il veut avoir l'air sérieux. Doit pas s'ennuyer, la mâtine.
Sylvette, je ne l'aime pas. Elle veut toujours tout commander,. Elle dit toujours qu'elle sait, qu'elle fera ça, puis ça, et ça encore. Au bout du compte, c'est que de la gueule, elle ne fait rien et c'est les autres qui triment pour rattraper toutes ses conneries. Je me souviens de Marie-Claude, oui la petite souris, la timide, qui parle d'une voix toute douce. Et bien Marie-Claude, elle a bossé pendant des heures pour rendre un truc que l'autre grande perche avait promis. Quand on a fait des compliments sur le travail effectué, je ne sais pas si vous le croirez, ben la Sylvette elle a tout pris pour elle, sans même dire que c'était Marie-Claude qu'avait fait le boulot. Elle a même pas dit qu'on l'avait aidée. Non, elle s'est rengorgée, a fait mousser ses cheveux blonds, a fait un grand sourire. Marie-Claude, elle est devenue toute pâle.
Depuis qu'elle est avec son coquin, Sylvette est encore plus soûlante qu'avant. Et vas-y que je te donne des conseils pour faire ça, et voilà que je te coupe la parole pour ramener sa science. Pénible qu'elle est . Marie-Claude, elle, elle ne dit rien. Mais des fois le soir, après le boulot, je la vois qui traîne à faire ses courses, dans la rue Roger Blondeau. Pas près loin du café où Julot attend sa poule. Marie-Claude, elle est petite, un peu moineau effarouché et grise aussi. Marie-Claude est discrète. Jamais un mot plus haut que l'autre. Même que des fois, j'ai envie de la secouer pour voir si elle est capable d'être fâchée. Mais Marie-Claude, je l'aime bien. Aussi quand j'ai vu que le Julot commençait à la regarder, j'ai dit : « Vas-y, Biquette, fais-la devenir chèvre, l'autre grande gigue! »
Non, j'ai rien dit, j'ai rigolé intérieurement. J'ai pensé que Marie-Claude la tenait sa vengeance si elle voulait. Mais Marie-Claude n'a pas voulu. C'est comme ça, les gentilles. Elles font comme si, puis au dernier moment, les bons sentiments les rattrapent. Moi, si j'avais été son genre au lascar, j'aurais pas hésité. Mais, c'est dommage, il n'aime pas les hommes et encore moins les pédés.
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F94%2F34%2F441260%2F132401896_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
/http%3A%2F%2Fle-gout-des-autres.blogspirit.com%2Fmedia%2F00%2F01%2F3994249494.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F99%2F60%2F441260%2F130019890_o.jpg)