Rahan

Rahan, le fils des âges farouches

   

Chez nous, le dimanche matin, on n'allait pas à la messe, on attendait le camarade, celui de la cellule locale qui passerait pour vendre l'Humanité Dimanche. Mon père le ferait entrer et ils s'installeraient tous les deux dans le salon pour parler politique. Dans l'HD, il y avait le programme télé pour la semaine, des articles que je ne lisais pas et une page BD. Avec Pif, Pif le chien, et Hercule, Hercule le chat. J'aimais bien. Alors de temps en temps, mon père m'achetait Pif Gadget. Dans Pif, il y avait aussi Placid et Muzo, d'autres encore, mais il y avait surtout Rahan, fils de Crao.

Qu'il est beau ! Et puis surtout intelligent !  Il vit des aventures, on croirait Martine. Rahan découvre qu'on peut semer des graminées, Rahan regarde la mer et se pose des questions vachement pointues. Rahan a un coutelas d'ivoire ( en ce temps-là, les éléphants, on s'en balançait, en plus le coutelas était sûrement en ivoire de mammouth), Rahan porte un collier, c'est un cadeau de Crao, père de Rahan à Rahan, Rahan y tient comme à la prunelle de ses yeux, Rahan peut se battre pour le garder. Oui parce que si Rahan est très beau, Rahan est aussi un peu pointilleux sur ce qui lui appartient, et très bagarreur. Rahan se bat contre les vilains, ceux qui se comportent comme des animaux. Rahan, c'est quelqu'un de bien.

Il y avait aussi un magazine de Rahan avec, comme chez Pif, des gadgets. J'ai porté le collier de Rahan, un magnifique lacet en plastique avec des dents en plastique, elles aussi. Très élégant. J'ai essayé de couper ma viande avec le coutelas de Rahan. Mais plastique contre bavette, c'est la bavette qui gagne.

Rahan, pour ceux qui ne connaissent pas, vit presque nu, juste vêtu d'un pagne en peau de bête pour cacher ce qui doit l'être. Il a des muscles qui ressortent quand il fait des efforts, et des efforts, il en fait souvent, car au temps des âges farouches, la vie est rude.

Mon père aussi suivait Rahan, il me disait que ça lui rappelait Tarzan. Il lisait Tarzan quand il était enfant, et puis un jour quelqu'un a dit que Tarzan était immoral car il vivait avec Jane sans être marié. Alors plus de Tarzan. Je ne sais pas où mon père avait trouvé ces bandes dessinées, mais il m'en parlait à chaque fois.

Et moi, à chaque fois qu'on me parle BD, je pense à Rahan, le fils des âges farouches, c'est ma seule référence. Dans le magazine télé qu'on reçoit chaque semaine, à la maison, il y a un article sur Rahan, on va pouvoir le voir à la télé. Moi qui ne l'allume jamais, je vais peut-être me forcer un peu et regarder.

Comments

[berthoise]

Prax >Console-toi, les cocos n'étaient pas forcément des rigolos.
Joe Krapov > Merci, je suis allée sur le site et j'ai revu Loup Noir que j'avais oublié.

[Prax]

Je constate que j'ai eu une enfance difficile avec des parents plutôt curés que cocos ! Donc ni Pif, ni Rahan, snif.

[joekrapov]

"Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes" mais celles et ceux qui ont rencontré Vaillant et Pif sur leur chemin de petits lecteurs-lectrices - j'en suis aussi - en ont gardé, je le vois ici encore, des souvenirs émus autant qu'impérissables. Personnellement, je possède l'intégrale de Rahan et d'autres trésors issus de ces journaux (Ragnar, Les Pionniers, et même Corto Maltese qui parut là en France pour la première fois). Tu peux retrouver, gratuitement, l'histoire du journal "Pif" sous forme d'une revue mensuelle téléchargable ici : http://coffre-a-bd.com/perioderouge/

Bien amicalement

[Berthoise]

Joye > à vot' service, M'dam.
Tilleul > Jean-claude Drouot, lui aussi, il était drôlement beau.
Madame de Keravel > parce que tu frémissais, toi, en lisant Rahan ? Moi j'aimais bien ses muscles, tu crois qu'on peut appeler ça un frémissement.

[joye]

Merci de combler les lacunes dans ma culture, Berthoise ! :-)