Les deux nigauds à Paris
Le grand avait un entretien à l'IUT aujourd'hui.
Nous y sommes allés, en train. Enfin, on aurait bien voulu y aller en train, mais le train est tombé en panne juste avant la gare. Bon, qu'à celà ne tienne, allons-y en RER. Retour à la maison pour prendre la voiture, et en route pour la station RER la plus proche, à 30 kms quand même. On a tourné pour se garer, mais on a fini par trouver, un peu loin, certes, mais on a trouvé. Alors, on est dans le RER, et là, panne... Coincés entre deux gares avec la consigne expresse de ne pas descendre sur la voie :" Pour notre sécurité ". On est restés sagement assis en attendant que ça reparte. Le grand commençait à se manger les joues. On arrive quand même à Paris. Métro et puis bus, nous voilà devant le Saint des Saints, le Temple de la Science. Là, je laisse le grand. C'est vrai, ça fait mauvais genre que de se pointer avec sa mère pour s'inscrire à la fac. Je vais boire un coup dans un café du quartier. Un café de quartier, des habitués qui tutoient le patron : Éric, ils l'appellent par son prénom ; un couple assez âgé qui pochtronne au bourguignon et au kir, et puis d'autres qui boivent leur bière en rigolant.
J'avais emporté un bouquin, mais j'ai eu du mal à me concentrer, c'est vrai que je n'avais pas choisi le plus facile ( le petit traité des grandes vertus) et les différences entre la bassesse et l'humilité, la gratitude et l'intérêt ne résistaient que difficilement devant le spectacle qui s'offrait à moi. Je suis très bon public. Quand le grand est sorti de son entretien, il avait faim, très faim, alors on est allés au kebab voisin pour qu'il puisse se rassasier et moi regarder les messieurs qui tenaient boutique et je pensais : « Fort comme un turc. Non. Beau comme un turc ». Le grand se régalait et moi, je me rinçais l'œil.
C'est pas tout ça, on ne s'ennuie pas mais il faut rentrer. Bus, métro, RER... légère méprise dans le RER, on n'était pas sur le bon quai, je l'ai bien dit au grand qui n'a pas entendu, sa musique greffée à ses oreilles au milieu de la foule. Il est monté dans la mauvaise rame. Alors, j'ai attendu sur le bon quai, le retour de mon provincial de fils. On s'est retrouvés, c'est ça qui est chouette.
On est rentrés sous une pluie battante à 21h15 à la maison. On était partis pour prendre le train à 13h45. Pour un rendez-vous qui a duré une demi-heure.
Je crois que le grand, l'année prochaine, il va lui falloir une chambre parce que faire le trajet tous les jours, ça ne va être possible.