Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
c'est du tout venant
Archives
30 avril 2009

L'orage

Il était charmeur, beau parleur, flatteur, joli cœur.

C'était sa façade, celle qu'il destinait aux gens de passage, à ceux qu'il ne connaissait pas, à ceux qui ne le connaissait pas. On recherchait sa compagnie, on enviait ses proches de vivre si près d'un astre si brillant. On s'étonnait parfois de l'aspect éteint de sa femme et de sa fille. On leur reprochait leur ingratitude et leur frilosité. Comment, quand on bénéficie d'un voisinage aussi charmant, peut-on afficher un tempérament aussi las. C'est qu'elle vivaient au rythme de ses humeurs, enjouées quand tout allait bien, ternes et craintives quand elles sentaient l'orage proche. N'allez pas croire que leur commune peur les rapprochait ou en faisait des complices. Non, c'était chacune pour soi et quand les cris s'abattaient sur l'une d'elles, l'autre se murait dans un silence de pierre en espérant pour cette fois, échapper au feu des critiques et aux assauts acerbes. Les salves de fiel étaient imprévisibles et leur volonté de bien faire ne faisait qu'exacerber le désir de blesser.

Parfois quand il rentrait, elles savaient. La porte passée, elles savaient car l'air se chargeait soudain d'une atmosphère électrique qui annonçait la foudre. Alors, elles rasaient les murs, ne sachant pas ce qui le ferait exploser. Mais d'autres fois, alors que tout allait bien, le ciel se chargeait soudain comme ces nuages de grêles qui tombent sur les champs en détruisant tout quand dans la minute d'avant, tout était calme et chantant. C'était alors encore plus violent et plus destructeur, elles n'avaient pas eu le temps de se préparer et elles en sortaient en larmes, colères d'être aussi impuissantes, meurtries par leur lâcheté devant l'injustice.

Il pouvait être parfois généreux et gentil. La femme se rassurait, la fille se méfiait. Elle regardait les cadeaux comme des pièges, des miroirs destinés à l'engluer. Elle était partie tôt. Elle ne voulait plus rien lui devoir.  Et puis avec le temps, elle s'était radoucie, lui avait cherché des excuses et en avait trouvées, avait accepté son aide car il avait de multiples talents. Mais un jour, sans qu'elle s'y attende, la foudre était tombée de nouveau et elle s'était retrouvée, petit fille à sangloter au fond de son lit, se disant que rien ne changerait jamais.

 

Publicité
Commentaires
B
Teb & Kiki > Faut vous laisser prendre comme ça, les filles. Allez, c'est fini, tout va bien.
Répondre
T
C'est prenant.. et ... si bien observé...<br /> J'en connais un, de ces beaux parleurs aimables dehors, et affreux jojos dedans.<br /> Je n'arrive pas à lui faire des risettes !!!
Répondre
K
ça me prend aux tripes je ne peux qu'espérer que ce n'est pas autobiographique<br /> très gros bisous
Répondre
B
Tilleul > Merci.
Répondre
T
C'est tellement bien écrit... J'espère que tu n'as pas vécu cela...
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité