Fête de l'Huma
Le Grand est parti ce matin, très tôt ce matin, il commençait à 8h30, avait un train à 6h25, a quitté la maison à 6h10 et s'est levé à 5h30. Il est parti avec une tente, un duvet et son entrée pour le parc de la Courneuve. Après ses cours, il va à la fête de l'Huma avec des copains. Il y a les Kooks qui passent. Vous ne connaissez pas les Kooks, moi si. J'en ai de la chance. Non, je suis mauvaise langue. C'est pas mal, pas terriblement nouveau, mais pas désagréable.
Nous sommes allés à la fête de l'Huma quand j'étais enfant. Nous n'avions pas pris le car affrété par les camarades de la cellule, mon père supportait mal le poids d'un groupe, nous étions allés en train, je crois. À la fête de l'Huma, il y avait des stands, et des chemins herbeux. C'était grand et très ennuyeux. Il ne fallait pas se perdre. Nous étions revenus avec un coupe-papier métallique façonné dans le 1000 ème avion américain abattu au Vietnam ( désolée Joye ). Nous avions écouté un débat entre Duclos et...je ne sais pas qui. Et nous avions mangé des frites. Avions-nous écouté Jean Ferrat ? Je ne me souviens plus. Mais chez mes parents, on écoutait souvent Ferrat. Mes parents achetaient chaque nouveau disque et nous écoutions Ferrat jusqu'à connaître les paroles de ses chansons par cœur. Nous les chantions dans la voiture.
Le Grand n'écoutera certainement pas Ferrat ce week-end.
Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre ce poème d'Aragon.
J'en ai tant vu qui s'en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère
J'entends leurs pas j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi
Ce qu'on fait de vous hommes femmes
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m'arrache l'âme
Les choses vont comme elles vont
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond
Vous voudriez au ciel bleu croire
Je le connais ce sentiment
J'y crois aussi moi par moments
Comme l'alouette au miroir
J'y crois parfois je vous l'avoue
A n'en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous
A vous comme les grains de sable
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable
J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez
Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir que ce que dit ma bouche
Votre enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens
Quelle heure est-il quel temps fait-il
J'aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile
C'est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d'un trou