Pleine de bon sens
Je n'ai pas pleuré quand j'ai laissé le Grand mercredi soir. Non, je suis une femme courageuse, raisonnable, de bon sens. Je sais maîtriser mes émotions. Je n'ai pas pleuré. Je suis montée dans la voiture. Comme prévu, j'ai glissé un disque dans le lecteur, " Cécilia Bartoli : Maria ". Et j'ai taillé la route. Comme une grande, courageuse, raisonnable, et pleine de bon sens. J'ai rejoint le périph'. Et j'ai avancé, droit devant. À la porte de Clichy, je me suis dit : " Tiens, c'est peut-être là que je devrais sortir. " Mais s'arrêter pour faire le point avec une carte sur le périph' à 18 heures, c'est un peu difficile voire très risqué. J'ai donc continué à avancer en me rassurant " De toute façon, je sors à porte Maillot. C'est simple, je prends l'A15. Fastoche." Mais voilà qu'à Porte Maillot, j'ai vu A86, je n'ai pas vu A15. Oh, ça doit être un peu plus loin. J'ai poursuivi ma route. Je vous rassure, je n'ai pas fait le tour du périph', à 18 heures 30, faire le tour du périph', c'est une affaire qui dure longtemps. Je suis sortie pour prendre l'A13 en direction de Rouen. C'était plutôt une bonne idée. Pas vraiment le chemin, mais une bonne idée. J'ai roulé sur l'A13 un certain temps. J'ai dépassé Versailles. J'ai vu la direction Saint Germain en Laye. J'ai fait un peu de tourisme dans les embouteillages. En laissant le Grand, mercredi soir, je n'ai pas pleuré. Mais je n'ai pas su rentrer chez moi. Je suis une femme courageuse, raisonnable, pleine de bon sens, sauf celui de l'orientation.