La rechute
Préambulons un peu : s'il m'arrive de vous raconter ma vraie vie, je me donne l'autorisation aussi de dramatiser, de mettre en scène, j'ai la liberté de dire ce que je veux. Voilà, riches de cette mise au point, allons'y gaîment.
( C'est Pandore, une fois la boîte ouverte, mais je ne sais pas de qui)
Mes vieux démons sont revenus. Ils ont mis à mal toutes mes bonnes résolutions et je suis retombée telle une pauvre guenille dans mes travers et dans mes vices. Je m'y roule avec délice. Je niche un peu honteuse dans mes habitudes les moins glorieuses. Qui disait que j'étais une femme équilibrée. Foutaise ! Je suis addict. Pas au tabac, non, je ne fume pas. Pas au bedo non plus, j'ai passé l'âge. Je ne pochetronne pas, mon dégoût pour les ivrognes est atavique ( j'en ai vus d'un peu trop près). Je ne me goinfre pas, enfin pas trop. Mon addiction vous concerne. Je ne sais plus vivre sans vous. Dans un éclair de lucidité, je m'étais aperçue que le temps passé avec vous était considérable et que mon travail et ma vie familiale en pâtissaient. Aussi avec courage et détermination, avais-je annoncé une pause, un retrait, un recul. Que dalle, moins d'une semaine, j'ai tenu. Pourtant, quand j'avais pris cette décision, je m'étais sentie légère, libérée de toute contrainte, heureuse comme après une rupture. Mais l'envie est revenue, fugace, rapide. Puis elle s'est fait plus présente, impérieuse obnubilante. Et de nouveau, je reviens, vous visite, vous espère, vous guette, vous attends. Et je vous raconte ma vie comme si elle avait de l'importance, je vous confie des secrets, je vous dis des histoires. Et vous êtes là, présents, à m'écouter et à me lire. Souvent je m'étonne de votre fidélité. Je m'en réjouis aussi. Il y a des gens qui pensent à moi. On pourrait croire devant l'importance que prennent pour moi ces visites que ma vie est vide, creuse, que je suis une pauvre fille seule, sans attache, ni affection réelle, sans amour, ni ami. On pourrait croire que je suis inactive ou oisive ou inoccupée ou rentière. On pourrait croire que je n'ai aucun passe-temps aucun loisir qui me tiennent. On pourrait croire que je m'ennuie.
Loïc Lantoine chante ça avec beaucoup de talent.