Les émouvantes VI : Sous le soleil de Bodega et Muriel
Pour Muriel qui n'a pas de blog.
Chez Frédéric, tous les premiers samedis du mois de juin, c'est la fête. Une grande fête colorée et bruyante. Y viennent les habitués, ceux qu'on retrouve année après année, ceux qu'on connait pour avoir partagé d'autres moments. Et il y a les nouvelles têtes. Le compagnon de Frédéric est chorégraphe, sont invités des danseurs et des danseuses jeunes, beaux, exubérants. Frédéric travaille à la communication d'une grande association contre le sida, il rencontre aussi beaucoup de gens. Alors des nouveaux, il y en a chaque année.
Le dernier étage de leur maison est transformé, pour l'occasion, en piste de danse. Une foule gaie s'y presse. J'ai un peu bu. Du rouge. En soirée, je ne bois que du rouge. Mais j'en bois bien, je suis un peu saoule. Et je suis seule. Mon mari est resté chez nous avec les enfants encore petits. Je suis donc seule, un peu saoule. Et j'ai le vin amoureux.
Elle est là qui me regarde danser. Je sais, je sens qu'elle me regarde. Je happe Frédéric au passage, lui pose deux, trois questions. " Oh, Florence, me dit-il, et bien Florence, c'est une gourmande. Fais attention, tout fait ventre. Homme, femme, rien ne résiste à son appétit."
Je suis seule, un peu saoule et amoureuse. Je danse devant Florence, je danse pour Florence, je danse avec Florence. Je sais, je sens que je l'attire. Je sais, je sens qu'elle m'attire. Je sens le besoin de ses mains, je sais l'envie de sa bouche. La maison de Frédéric est grande. Sur la piste de danse, là-haut, c'est le soleil de Bodega qui brille et illumine la fête.
Le principe du machin est là.