Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
c'est du tout venant
Archives
4 avril 2010

Rendez-vous

Ils avaient rendez-vous. Il avait passé une annonce dans un quotidien. Elle l'avait lue en riant. L'annonce était drôle, bien tournée. Elle avait répondu sur le même registre. Elle avait répondu par esprit d'aventure, par goût du défi, par bravade, par orgueil, pour pouvoir dire: «  Je l'ai fait ! »

Ils avaient rendez-vous. Devant un grand musée parisien. Ils l'avaient visité au pas de course. Puis ils étaient allés boire un verre. Enfin elle avait bu un thé et lui avait pris un verre. Et elle l'avait suivi jusqu'à sa voiture. Il n'en voulait qu'à son cul. Elle aurait dû le prévoir, mais elle était un peu naïve. Ou plutôt non, pas naïve, elle savait très bien qu'il n'en voudrait qu'à son cul, mais elle avait sous-estimé sa réserve. Elle voulait bien coucher, même avec le premier venu, mais pas avec n'importe qui. Et celui-là, en dépit de sa culture, de sa belle prestance, de ses vêtements coûteux, celui-là était n'importe qui. Quand elle avait senti ses mains immiscer sous sa jupe, elle avait dit non. C'était au dessus de ses forces. S'il l'avait emmenée à l'hôtel, elle serait allée au bout. Mais là dans la voiture, dans le parking, dans la pénombre blafarde des néons, c'était sordide. Quand on est amoureux, on peut, toute occasion semble unique. Mais elle n'était pas amoureuse. Cet homme beau, bien mis, apparemment pas trop bête, cet homme, elle sentait son jugement. Alors, elle avait rabattu sa jupe, lui avait dit que ce n'était pas possible, qu'avec une autre sûrement, il aurait plus de succès, mais qu'avec elle, c'était mort, elle ne voulait pas. Elle avait claqué la portière et était partie en courant. Elle savait bien qu'il ne la poursuivrait pas, mais elle avait hâte de mettre de la distance entre elle et lui. Dans sa course, à l'angle de l'escalier du parking, elle vit deux amoureux qui s'embrassaient.

Jean
Lambert-Rucki, Les noctambules

Jean Lambert-Rucki, les noctambules, 1925, coll. privée

 

 

Emir Kusturica & the no-smoking orchestra pour le fun.

 

Publicité
Commentaires
B
Rose Chiffon > Moi, je crois qu'elle n'a rien à regretter. Une idée comme ça.
Répondre
R
Les boules. Elle a bien fait.. enfin on se dit ça. Peut-être qu'elle aurait eu du plaisir.. de l'inattendu.. une surprise, finalement. Peut-être pas. Mais l'histoire fout les boules, oui.
Répondre
B
Caro > Oh oui, on peut me^me y faire des choses. Mais des fois, c'est non.<br /> http://berthoise.canalblog.com/archives/2009/01/15/12097757.html
Répondre
C
On peut s'embrasser des heures dans une voiture.<br /> <br /> J'ai aimé la réserve... Moi je ne l'ai jamais sous-estimée, chez moi elle est immense!
Répondre
B
Latil > N'aie pas peur, j'irai chercher les potes, on poussera.:D<br /> Moi aussi, j'aime bien ce tableau.<br /> <br /> Madame de K > Faudrait lui demander.
Répondre
Publicité
Derniers commentaires
Publicité