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c'est du tout venant
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11 avril 2010

Chez les Abramovich

Nous habitions une maison dans la cour du CES. Elle était partagée en deux appartements. Celui de mes parents et celui occupé par une collègue de ma mère et sa famille. Elle était psychologue scolaire et lui était prof de philo. Ils avaient deux petites filles. Je devais avoir une dizaine d'années de plus qu'elles. Elles étaient un peu plus âgées que mon frère. J'aimais bien m'occuper d'elles. Le dimanche après-midi, le père et la mère allaient se balader, écumaient les salles des ventes, les marchés aux puces. Et je gardais mes jeunes voisines. Je jouais avec elles, leur apprenais à faire du vélo, faisais des batailles, des parties de pouilleux, les occupais pendant l'absence de leurs parents. J'adorais l'appartement des voisins, le sol couvert de tapis, les murs pleins de tableaux, les rayonnages qui croulaient sous les livres. J'aimais cet entassement de richesses, cet amoncellement de savoirs. Chez nous, tout était au carré, propre et bien rangé, un peu froid et sévère. Là, c'était certainement poussiéreux et sacrément fouillis, mais extraordinaire. De temps en temps ils m'emmenaient avec eux jusque Paris dans un musée ou voir une expo. Je me souviens avoir vu Ramsès II au Grand Palais et une autre sur la Chine. Ils écoutaient aussi de la musique bizarre faite de bruits et de silence.

Souvent,  ils me rapportaient un cadeau de leur vadrouille. Je pense qu'ils avaient dû demander à ma mère combien ils devaient me payer pour ce qu'il faut bien appeler le baby-sitting, et que ma mère avait répondu qu'entre voisins, il y avait des services qui ne se monnayaient pas. Alors ils m'offraient  des objets insolites, des livres de peinture : les peintres du Pays-Bas, ou de la renaissance Italienne. J'ai gardé ces livres que j'ai ouverts dernièrement à la recherche d'un tableau que je ne trouvais pas sur la toile. Ado, je suis restée des heures devant ce tableau que j'aime toujours autant.

 

Sassetta, la tentation de Saint Antoine, 1430, New York, coll. Lehman

sassetta_tentation_de_saint_antoine

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Commentaires
B
Perne > Bon appétit ! Tu les aimes aux lardons ?
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P
Ben je savais bien que ça te veanit d quelque part ton côté bordélique... Et si en plus tu l'as attrappé ches une psy scolaire, alors je m'incline!!!<br /> Comment ça, qu'apprends-je, tu vas dans les églises? Mais tu leur as pas dit aux autres ce que t'y faisais dans les églises, mécréante, va!<br /> Signé: la bouffeuse de curés
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C
en intercallant "je parle de cul, vais à l'église" dans une phrase où je ne m'y attendais pas :)<br /> C'est vrai qu'on se marie plus facilement avec les gens qu'on cotoie tous les jours ; surtout que le boulot représente 5 jours par semaine.
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M
J'avais fait la substitution mais j'avoue que ce Jérôme m'avait laissée quelque peu perplexe!
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B
Choule > Mon père n'était pas instit, mais travaillait en usine, mon mari travaille lui aussi en entreprise privée et n'a rien d'un instit. Mais ta remarque est vraie. On vit peut-être en vase clos. C'est entre autre pour ça que j'apprécie les blogs, je découvre ( de loin, d'accord )des mondes que je ne connais pas. Pour ma part, je n'ai jamais quitté l'école, même si je suis quand même un petit peu atypique dans le milieu. Je bouge beaucoup ( remplaçante), j'ai d'autres intérêts que mon boulot, je parle de cul, vais à l'église, pas tout à fait l'instit de base. Mais ta remarque est valable aussi pour d'autres professions, je connais quelques commerçants qui se reçoivent entre commerçants (je me sens un peu paumée parfois). J'ai une très bonne amie infirmière qui a beaucoup d'amis dans les hôpitaux. Bref, on fréquente ceux qu'on côtoie. Mais je suis ravie quand je rencontre des gens différents.
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