Réponse à Coumarine
Voici les questions que pose Coumarine(qui concernent
surtout ce qu'on appelle
les blogs intimes)
- vous est-il arrivé de vous faire taper sur les doigts par quelqu'un que vous connaissez suite à ce que vous avez écrit sur votre blog? Quelqu'un qui vous reproche d'avoir parlé de lui par exemple? (quid des photos aussi?)
- gardez-vous farouchement votre anonymat pour vous sentir libre d'écrire comme vous en ressentez le besoin? Ou comme vous aimez le faire?
- vous est-il arrivé de supprimer après publication un billet qu'après réflexion vous avez jugé trop intime, trop personnel? (par honte, gêne, peur du jugement, de briser votre "image")
- vous freinez-vous dans ce que vous avez envie de raconter? Cela concerne-t-il vos enfants, votre couple? Ou bien plutôt vous et ce que vous vivez, mais que vous considérez comme "indicible", inracontable?
- vous est-il arrivé de raconter des choses de vous, soit par le biais de l'écriture "automatique" (dont vous êtes donc seul(e) à connaître la clé?) Soit pas le biais de la fiction, du récit?
- êtes-vous touché(e) en profondeur quand vous lisez un billet dans lequel l'auteur se dévoile? Ou au contraire mal à l'aise, jugeant que c'est de l'exhibitionnisme?
-autres considérations auxquelles vous pensez?
Mon mari a un jour remarqué que j'étais très impudique dans mes écrits, mais la remarque s'est arrêtée là. Il ne lit ce que j'écris que si je le lui impose. C'est, dit-il, mon espace, mon domaine et il trouve indiscret de s'y aventurer. Le Grand, mon fils, s'en fiche et Poulette vient de temps en temps, elle aime, m'a-t-elle dit, quand je raconte des histoires d'avant. Je mets des photos sur mon blog. Des photos de moi, de mes enfants, de mon mari, une ancienne photo de ma mère jeune et c'est tout je crois, je ne me permets pas de rendre publiques des photos de mes amis, ou de ma famille plus éloignée, j'aurai un peu l'impression de les exposer à leur insu. Poulette se moque d'être en photo sur le blog, elle écrit sur F°ce-B**k et expose de nombreuses photos, le grand aussi. Ils savent d'autre part que je ne ferais, dirais, ou montrerais rien qui les humilie. Si mon mari et mes enfants sont au courant du blog, ils ont la consigne de ne pas en parler. Tout en n'en faisant pas spécialement secret, je choisis qui dans la vraie vie peut être au courant. Je souhaite garder un espace de liberté où je puisse écrire sans avoir à justifier, sans même avoir de souci de véracité. En effet, si mon blog peut être qualifié d'intime, il n'est pas un journal intime. Je parle beaucoup de ma vie, de moi. Mais ce n'est pas un journal intime. Je sais que ce que j'écris va être lu, alors je brode, j'enjolive, je noircis. S'il y a des choses vraies, si le fond de ce que je raconte est exact, j'ai le souci du lecteur. C'est même le premier souci. Lorsque je raconte une anecdote, je veux la rendre vivante, alors je peux changer deux-trois trucs. Si je raconte un coup de blues, un malaise, une joie, encore une fois, la forme de l'écrit est importante. Si l'émotion que je vis est forte, il est possible que je raconte une fiction avec cette émotion. Je n'ai pas supprimé de billet, je crois, parfois j'hésite. Mais ce que je raconte ou montre reste, somme toute, très convenable, du moins à mes yeux. L'indécence à mon sens serait d'être maldisante, ou malfaisante, ce que je ne pense pas être. Pourtant, je ne crois pas faire évoluer mes lecteurs dans un monde blanc-bleu bordé de rose( c'est un comble, le fond de mon blog est rose, de couleur rose). Toutefois, j'ai bien conscience de vivre des choses légères, d'être épargnée par le malheur. Je ne sais pas quelles seraient mes réactions, si j'étais appelée à vivre l'indicible.
J'aime aller sur les blogs intimes, mais la forme des écrits encore une fois est importante. J'aime que ce soit bien formulé, qu'il y ait un peu de distance, d'humour. Je n'aime pas qu'on veuille forcer mes larmes. Montrer son bonheur, son chagrin me parait une attitude saine, vouloir entraîner dans l'émotion pourquoi pas ? s'y engluer, non. Je suis, je pense, extrêmement fidèle dans mes lectures et je visite encore des blogs éteints depuis longtemps, car tout en sachant que je ne suis certainement pas la seule à jouer avec la vérité, l'authenticité des relations qui se nouent, ne fait pour moi aucun doute.