Bleue ( 2ème partie )
C'est pour dire que l'histoire ne m'inspirait pas. Aller dans ce long couloir, ça ne m'inspirait pas. Mais, ce couloir n'était pas noir. Et là, justement, il semblait y en avoir, des issues. En cas de coup dur, je pourrais déguerpir. J'y suis donc allée avec trois fois rien de hantise mais j'y suis allée tout de même. Pourquoi, là n'est pas la question, est-ce que je vous demande pourquoi vous allez vous balader en forêt, pourquoi vous regardez le foot, pourquoi vous avez un clebs. Les raisons de la balade ici, n'appartiennent qu'à moi et je serais bien en peine de vous les expliquer. Il vous suffit de savoir qu'on m'avait dit de le faire, que c'était important et que je me suis engagée dans un couloir baigné de lumière. Que les portes étaient nombreuses, et que j'avançais seule, que je n'étais pas seule, mais ça, je le savais pas.
J'ai avancé en comptant les portes, c'est encore une de mes manies, faut que je compte : les portes d'une pièces, les poteaux électriques dans la rue, les kilomètres sur la route, les carreaux de faïence dans la salle de bain,les poulets dans une basse-cour. Je compte. Il y a des nombres que j'aime plus que d'autres, des qui me portent chance. Quand dans une rue, il y a 22 lampadaires, je sais que rien de grave ne peut m'arriver, que tout va bien, que je suis en sécurité. Mais, il y a des nombres qui m'inquiètent, qui éveillent tous mes sens, qui annoncent le danger. J'ai donc compté les portes comme ça sans m'en rendre compte par habitude. 9 à droite, ouf ! 9, c'est neutre, pas de chance, pas de poisse, 9 c'est rien. On compte 9, c'est pour du beurre. Mais 6 à gauche, et 6 , j'aime pas. 6 c'est mauvais, ça n'annonce que du mauvais. Quand j'ai vu qu'il y avait 6 portes à gauche, l'intérieur de moi s'est rétréci, j'ai senti battre mon sang au dessus de mon nombril. J'ai senti monter la peur. J'ai bien essayé de respirer lentement pour me calmer en comptant 3 sur l'inspir et 7 sur l'expir, comme on me l'a appris à l'hôpital, au groupe de paroles. Mais à chaque fois, ça foirait, je reprenais mon souffle sur 6. Et grandissait mon affolement.
à suivre....