Un petit resto ?
On ne va pas souvent au resto.
Déjà, mon mari n'est pas très gourmet.
Ce qui est pratique et valorisant. Quand il a faim, il est capable de
s'extasier devant un plat de pâtes des plus basiques.
Ensuite, le resto coûte cher et nous préférons mettre notre argent dans autre chose que dans un seul repas.
Nous
n'allons donc pas très souvent au resto. Pour les anniversaires des
enfants. C'est une manière de marquer le coup. Et parfois, pour fêter
une réussite ou une occasion spéciale.
Le resto est donc un luxe rare pour la famille.
En
revanche, je mange parfois dehors quand je rencontre des amis. Quand je
retrouve Frédéric à Paris, il m'emmène toujours dans un nouveau truc,
hyper branchouille où j'écarquille mes petits yeux de provinciale. De
temps en temps, avec des collègues proches, de cœur mais pas
d'établissement, on se retrouve à mi-chemin, entre les deux écoles, dans
des petits restos ouvriers pour bavarder pendant le déjeuner. Car il
faut parfois être honnête, ce que j'aime au resto, c'est bavarder.
Papoter. Piapiater. Jacasser. Raconter. Confier. Écouter. Quand je reçois
chez moi, je suis debout pour faire le service et ça n'aide pas à la
confidence. Au resto, je reste assise. Comme lorsque je partage une eau
chaude avec Clarisse, sur la toile cirée de la cuisine. On reste assis
au resto. On mange à petites bouchées en hochant la tête. On se
rapproche pour mieux s'entendre. Le lieu aussi, aide à l'intimité. Un
resto où on n'a pas d'habitudes, est un endroit neutre. On peut y dire
des choses inavouables. On n'y est pas connu. N'allez pas croire que ce
qui m'est servi importe peu. Non. Non, non. J'ai un solide appétit et
aime bien manger. Et boire aussi. Un verre de vin. Ou deux. Ou une
bière. Enfin boire quelque chose de bon pour faire passer.