Une histoire ... les premiers signes
- Marie Bermond
(30 octobre 1859 Albi - 18 mai 1941 Albi) - Portrait de couple
Attention, on change de tonalité, on était en sol majeur, on passe en mi mineur. Allez voir là, vous comprendrez ce que je veux dire.
Ça avait commencé comme ça. Ute ne pouvait plus manger face à Martin sans être indisposée par sa façon de mastiquer, ses bruits de déglutition, l'empressement qu'il mettait à se remplir, son entêtement à lui parler alors qu'il venait d'enfourner sa fourchette. Elle s'était dit : " Je deviens drôlement délicate avec l'âge, ou est-ce lui qui est moins attentif aux règles de savoir-vivre ? "
Et elle avait trouvé que les nuits à ses côtés devenaient longues, rythmées par sa respiration sonore, elle avait supporté son corps collé au sien dans les heures d'insomnie.
Elle avait surpris plusieurs fois dans son regard de l'admiration, du désir, quand elle ne ressentait plus que l'ennui et l'envie d'être seule. Elle s'était étonnée de regarder à nouveau d'autres hommes que Martin, s'en sentait fautive et redoublait de prévenance à son égard.
Lui, Martin, était toujours aussi entiché, voyait Ute comme il l'avait rencontrée, ne pouvait vivre un plaisir sans l'y associer. Il la voulait près de lui, avec lui, s'inquiétait de son bien-être mais aussi de son bonheur.
Mère Castor, cette échelle-là vous convient-elle ? Au degré de l'amour, il aspirait encore à grimper, quand essoufflée, elle ne souhaitait que redescendre. ( Merci Adrienne )