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L'autre midi, dans la voiture qui nous ramenait de Gisors ( oui, vous ne saviez peut-être pas mais Gisors est le centre de notre monde ), mon mari m'a demandé si nous organiserons une fête en juin pour mes cinquante ans. "Il faut que je réfléchisse, lui ai-je répondu. Je ne suis pas certaine d'avoir envie de fêter l'évènement." Cinquante ans. Ça me file un peu le bourdon. Et puis, organiser une fête, c'est beaucoup de boulot, et du boulot, en ce moment, je n'en manque pas. Ensuite, sourire, dire des bêtises, parler, être au centre des attentions quand on a envie de se terrer sous la couette, c'est beaucoup d'efforts. Si je dois fêter ça pour faire plaisir aux autres, c'est autre chose que si c'est à moi qu'on veut faire plaisir. Car il y a des gens que je n'ai pas spécialement envie de voir et qui s'offusqueraient de n'être pas invités. Je crois que je passerai la dizaine dans mon coin.

J'ai eu dix ans. Rien. Je ne me souviens de rien.

J'ai eu vingt ans. Nous fîmes la fête à l'appart' que je partageais avec Soumarine. Il y avait du monde. Les potes m'avaient offert un service en faïence de Dieulefit, bleu et blanc. J'ai encore les assiettes et les tasses, mais j'ai cassé la grosse théière ronde. On avait préparé des salades et de la sangria. Frédéric avait vomi.

J'ai eu trente ans. Mon âge était le cadet de mes soucis. Le Grand venait de naître et avec son papa, nous passâmes devant Monsieur le Maire pour officialiser trois jours après la nouvelle dizaine. Une autre vie s'annonçait. C'était une étape mais elle était radieuse et pleine de promesses.

J'ai eu quarante ans..... voyons, ai-je eu quarante ans ? Je n'ai pas de souvenirs de cette période. Je réfléchis...Si voilà, nous emménagions dans la maison que nous venions d'acheter. Je quittais enfin l'école. Jusqu'à l'âge de quarante ans, j'ai habité dans une école, à l'exception des deux années de co-location avec Soumarine. Je quittais donc l'école pour MA maison. Nous pendîmes la crémaillère en juin. À cette occasion, un ami m'offrit une boîte à musique avec "une histoire d'amour".

Je vais avoir cinquante ans. Nos enfants ont grandi, ils vivent ailleurs même si on les voit souvent. Mon mari est à la retraite. Je travaille comme une cinglée dans des conditions difficiles. Ai-je des projets, des envies, des passions qui me tiennent ? Le vide que laissent les enfants à leur départ est difficile à vivre. Pendant vingt ans, je me suis beaucoup agitée pour eux. Je me sens désemparée. Vide, vidée comme la maison.

Et voici une petite musique à l'unisson de ce que je ressens. C'est Yom et Iurie Morar qui jouent.

Yom qui vient de sortir un nouvel album que je me passe en boucle.

Comments

[Berthoise]

Joe > C'est beau la jeunesse.

[Joe Krapov]

Moi je n'ai que 21 ans ; C'est pourquoi Bernard Dimey te parlera des 50 ans à ma place : http://forum.muzika.fr/read.php?1,41811,65600

[Berthoise]

Rose > Partir, ça c'est une idée.

[rose chiffon]

Tu peux toujours te faire inviter, où tu veux et par qui tu veux, non ? Et tu commandes une surprise des poubelles comme ça pas de regret si ça te plaît pas, recyclage direct.

[Berthoise]

Brigou > :)