Mes seins
Mes seins m'emmerdent. Ils ont encore décidé de faire parler d'eux. Peut-être avaient-ils peur que je les oublie. Pourtant croyez-moi ils ne passent pas inaperçus. Pas moyen de les rater. Cette semaine, j'ai été rappelée par l'hôpital où j'ai passé ma dernière mammographie. Un examen complémentaire est souhaitable. Pas de souci, je m'en doutais, on me fait le coup à chaque fois. Allons'y pour une écho. La secrétaire, une ancienne maman d'élève me trouve un rendez-vous pour ce matin. Merci beaucoup. C'est tip-top. Et puis, arrivée là-bas, quand c'est mon tour, on se dirige vers la salle de radiologie. Oui, on va refaire quelques clichés. Chouette, vous savez toutes que cet examen est indolore et très plaisant. Messieurs, passez votre chemin si la sensation de vous faire écraser les roubignoles vous effraie. Bon, quelques clichés plus tard, me voici avec un charmant radiologue qui m'explique que j'ai des seins compliqués. Mon brave monsieur, je le sais. Depuis mes 17 ans, âge de ma première mammographie, je sais que mes seins sont compliqués. Volumineux, denses et compliqués. Accessoirement quelques amants m'ont dit qu'ils étaient beaux, mais ils manquaient de vocabulaire. Donc, mes seins compliqués nécessitent un IRM car voyez-vous il y a là une petite masse qui n'y était pas lors du précédent examen. Non les kystes, c'est pas grave, on peut les ponctionner s'ils sont trop douloureux, mais on ne peut pas les enlever. Mais la petite masse, là, c'est plus prudent de vérifier. Vous savez comment ça se passe, un IRM. Pas de problème pour le clip que vous avez dans le sein gauche, il ne gênera pas. Je précise à toute fin utile et pour les ignorants que clip n'est pas un gentil petit nom pour un piercing coquin mais un marqueur chirurgical. Non, honnêtement je ne sais pas comment se passe un IRM. Mais la vie est pleine de découvertes et je vais bientôt apprendre. J'ai déjà testé l'Institut Curie. 2 fois. Quand j'avais 17 ans. Déjà. Je me souviens très bien de l'examen par le professeur et sa bande d'étudiants qui étaient venus les uns derrière les autres me palper les Roberts. La dernière fois que j'y suis allée, c'était il y a 8 ans. J'ai bien aimé aussi le prélèvement, la biopsie, tout ça. Entre l'Institut Curie et moi, c'est de l'amour, de la vraie amour.
Autant vous dire que j'ai les boules. Méchamment les boules. J'ai horreur de ces attentes, de l'incertitude, et puis je n'aime pas la maladie. Je sais, personne n'aime la maladie. Personne.