Premier matin
Je suis en vacances. C'est bien. Vais-je en profiter pour vous écrire un billet digne de ce nom ? Un vrai texte que j'aurai potassé, peaufiné, relu, corrigé, affiné. Une histoire avec un début, une fin, un personnage, et un vrai décor, vais-je predre le temps de réaliser cela ? En ai-je envie ? Ou bien est-ce une des tâches de vacances à ranger dans la colonne des " Faudrait", coincée entre tailler les rosiers, nettoyer le frigo et ranger la buanderie ?
N'est-ce pas consternant de voir qu'écrire pourrait se glisser dans la liste des corvées incontournables, celles on se dit qu'il faut les avoir accomplies pour se regarder avec respect dans la glace ?
Je n'ai pas vu Frédéric depuis des lustres. Il a rompu avec son compagnon, déménagé, trouvé un autre amoureux. Il vit une autre vie. Je n'ai pas le courage de m'adapter à ce changement, moi dont la vie ne bouge pas d'un iota depuis 20 ans.
Clarisse ma bonne copine ne répond pas à mes messages. Je crois qu'elle est fâchée. Je suis allée fêter les 20 ans de son fils, mon filleul, chez son ex-mari. Elle se sent trahie et refuse de me revoir.
Mes amitiés tombent comme des poires blettes. Je n'ai pas eu le courage, ni l'envie de les cueillir à temps. Je passe en regrettant le gâchis mais ne fais rien d'autre.
J'ai l'air de me lamenter. Mais non, je fais un constat. Je regarde l'instantané de ma vie à l'instant T. Aujourd'hui 21 avril 2012, je me sens un peu seule et je pourrais chanter avec Rutebeuf.