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c'est du tout venant
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2 novembre 2012

Pensée des morts ( sans me prendre pour Lamartine)

Au hasard de mes déambulations sur la toile, je suis arrivée sur le blog d'une dame qui regrette le temps passé, qui refuse l'idée de progrès, qui veut qu'on soit entre soi tout en affirmant tout de suite après qu'elle n'est pas raciste, qui trouve qu'il y a trop d'état, de fonctionnaires ( tous des fainéants), d'impôts bref une dame dont les idées me gênent et me mettent très mal à l'aise. Je suis partie sans laisser de traces. Je n'y retournerai pas.

En cet automne gris et pluvieux, en ce jour des morts gai comme une veillée funèbre, je ne regrette pas le temps passé. Il ne fait pas bien chaud, l'humidité transperce tout et j'ai du mal à me réchauffer. Pourtant, j'ai bien mangé ce midi, j'ai pu faire réchauffer les plats pris chez le chinois dans le four de la gazinière qui répandait une douce chaleur dans le cocon de la cuisine. On était sortis chercher le pain et le journal. Mon mari, en passant devant le traiteur asiatique m'a suggéré d'y prendre le repas de ce midi. Bonne idée, ma foi. On a couru entre les flaques d'eau avec nos parapluies, on peut être joueurs, mon mari et moi. On était bien chaussés, nos chaussures ne datent pas de cette année, mais elles sont solides et chaudes et puis en rentrant on pouvait toujours se changer si le besoin s'en était fait sentir. Après la vaisselle, oui, le lave-vaisselle a rendu l'âme, on attend le nouveau lundi matin, j'ai rangé du linge et fait un peu de tri dans mes armoires, elles ont tendance à déborder, j'ai mis de côté quelques tee-shirts. Oh, ce n'est pas qu'ils soient usés, ils ont juste un peu fatigués et puis je les ai trop vus. Le chat tourne autour de moi, je ne sais pas s'il réclame sa pâtée ou des caresses. Des caresses, je crois, puisqu'il vient juste de s'installer sur mes genoux, je suis assise à mon bureau où je prends un peu de bon temps pour vous écrire. Mon mari dans le salon s'active autour de la cheminée. Le bois qu'on a fait livrer le déçoit. On avait commandé cinq stères qu'on a rentrés comme des courageux, mais il n'est pas très sec et fume pas mal. Heureusement que la chaudière ronfle et assure un minimum de douceur dans la maison. Demain, je rejoins mes parents en forêt de l'Isle-Adam, ils organisent une sortie mycologique avec un pique-nique. On va marcher toute la journée, je prendrai aussi quelques photos.

Je fais partie de la classe moyenne. Je suis instit', mon mari est à la retraite, il était cadre technique, informaticien. Nous ne sommes ni smicards, ni miséreux. Nous n'avons toutefois pas une pension et un traitement à faire pâlir d'envie. Nous payons nos impôts, nous entretenons nos enfants étudiants en finançant leurs études et en leur offrant logement et nourriture sur le lieu de leur école. On compte. On ne vit pas à crédit. Il y a des choses qu'on ne peut pas s'offrir. Mais j'ai un confort de vie que n'avaient pas mes grands-mères. Je ne regrette pas le temps passé, la corvée d'eau, de linge, de bois, le froid, la faim, pas la famine, mais la sensation de n'être jamais rassasié.

Je sais que je vous ai déjà servi ce couplet. Je ne me renouvelle pas. Mais chaque fois que je vois sur un blog quelqu'un pleurer sur l'ancien temps, je pense à mes grands-mères et je me réjouis de vivre aujourd'hui.

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Commentaires
S
Je me réjouis d'être née dans les années soixante, en France. Si je suis là; c'est parce que deux de mes 4 grand-parents ont émigré clandestinement en France (oh les vilains!!!) dans les années trente. Que ferai-je sans mon lave-vaisselle, lave-linge, ma belle langue française et ses auteurs, le droit de vote, d'expression, le chauffage central, l'eau chaude, la sécurité sociale, la péridurale, mes études, mon ordi, mon métier, les progrès de la médecine et tutti quanti.... Je suis sûre que cette dame est très contente de n'avoir à sortir que sa carte vitale à l'hôpital et sera beaucoup moins hostile à l'égard de certains fonctionnaires en blouse blanche qui la soigneront un jour. Quand je vois la condition des femmes dans certains pays, je pense même être hyperprivilégiée et pense à la chanson de Maxime Le Forestier "Etre né quelque part". Un petit tour sur les trottoirs de Manille... ça peut faire du bien.<br /> <br /> Moi, je pense que les enfants et petits-enfants d'immigrés devraient payer un impôt supplémentaire. Faudrait proposer ça à Marine, ça devrait lui plaire.
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P
Je suis bien dans mon époque, les conditions de vie de ma mère étaient assez pénibles, pourtant quand elle évoquait le passé il y avait toujours beaucoup de nostalgie, sans doute le souvenir de sa jeunesse enfuie...
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J
Comme toi , je m'acharne beaucoup à ne pas vivre dans la plainte , d'accord , je suis bien lotie aussi , et pour rien au monde je ne voudrais vivre ce qu'on vécu mes parents dans leur jeunesse <br /> <br /> et encore moins mes grand parents <br /> <br /> Et en matière d'éducation , tout pareil <br /> <br /> on ne se parlait pas , ou peu , on exprimait peu de tendresse , que de dégats , de manque d'amour <br /> <br /> j'en ai encore reçu un témoignage cruel hier , une de mes tantes qui soigne sa mère et celle çi se comporte comme une bourrique , elle souffre , ne comprends pas <br /> <br /> Les hargneux , je les fuis aussi <br /> <br /> Le bois de la cheminée flambe bien chez moi <br /> <br /> Bonne et douce soirée Berthoise
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S
J'ai une voisine qui tient le même langage... Elle regrette le temps passé, son enfance quand "c'était bien mieux que maintenant"... Une de ses réflexions par exemple "les étrangers n'ont qu'à rester chez eux! Est-ce que je vais dans leur pays moi?" Tu remarques l'intelligence du propos... :-(
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M
mon grand père disait: je te souhaite de ne pas connaître notre vie et celle de nos parents en temps de guerre.................j'ai pas oublié
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