Montre
Quand j'avais 12 ans ( je dis 12 ans, mais en vrai, je ne sais plus exactement ), quand j'étais au collège, qu'on appelait le CES, la mode était aux montres de plongée. Des montres à cadran noir avec des chiffres fluorescents et un truc qui tournait autour.
Image piquée sur un site de vente d'occasion.
Tout le monde en avait, enfin beaucoup en avaient. Pas moi. Moi j'avais une petite montre LIP que mes parents m'avaient offerte pour mes 7 ans. Toute petite montre qu'il fallait remonter tous les soirs, avec un bracelet fin en cuir noir. Jolie petite montre de qualité, solide, discrète, fiable, classique, indémodable. Mon père l'avait choisie avec soin, justement pour ces qualités. Et moi, je voulais une montre de plongée, grosse et bon marché, moche mais à la mode. J'ai dû tanner pendant des semaines pour qu'enfin ils cèdent à mon caprice. Ils ont cédé, ou bien n'est-ce que ma mère ? Un soir, je suis descendue seule avec mon vélo et 30 francs dans ma poche pour aller acheter chez Roudier ( la librairie, papeterie, maison de la presse du bourg ) la montre de mes rêves. Une "Kelton". Il y avait un slogan publicitaire qui disait " Vous vous changez, changez de Kelton." Je peux le dire avec un rien de fierté, moi aussi j'ai eu ma Kelton, obtenue de haute lutte et j'ai pu l'arborer avec ostentation.
On a la Rolex qu'on peut.
Depuis des années, je porte la même montre. Une Timex qui s'allume dans le noir. Je suis insomniaque et j'aime pouvoir lire l'heure sans trop bouger dans le lit. J'en suis à la troisième du même modèle. Elle a un bracelet métallique élastique et des gros chiffres.
Je l'aime beaucoup, je ne m'en lasse pas. Je la trouve, discrète, classique, indémodable. Mais depuis le changement d'heure, elle retarde. Elle ne mérite plus le qualificatif de fiable.