Dimanche de mai

J'adore cette saison, la végétation luxuriante, le vert , la douceur de l'air, même s'il pleut.

Je suis allée voter.
En sortant du bureau de vote, j'ai continué vers le barnum du salon du livre dans la cour de l'hôtel de ville.
Sous un barnum, oui, c'est un peu le cirque, le salon du livre, au bourg, et puis dans le Vexin, il pleut beaucoup alors, le barnum s'impose.
Pour arriver jusqu'au saint des saints, j'ai dû claquer la bise à Pierre, Paul, Jacques, Antoinette, Marie-Louise, Monique. Un vrai parcours du combattant. Mais voyez-vous, je suis arrivée au bourg en 1983 et je connais beaucoup de monde, vraiment beaucoup-beaucoup de monde. Mais le pire c'est qu'encore plus de monde me connaît.

Voilà, j'y suis. Je regarde quelques bouquins, dis bonjour poliment aux exposants et puis je vois un stand avec le délégué à la culture de la com-com. Je vais lui serrer la pince, à lui, je ne fais pas de bec, et lui pose quelques questions sur l'atelier d'écriture qu'il anime. Il me répond affablement et me pousse à acheter le recueil de nouvelles. " Surtout, me dit-il, qu'un de vos anciens élèves a participé".
C'est à ce moment, qu'un jeune homme blond aux yeux bleus se lève et se présente.
Mon Dieu, c'est Vivien. Je ne me suis pas fait prier pour lui sauter au cou. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de lui, enfant. Qu'il y avait bien des élèves que j'avais oubliés mais que lui gardait une place privilégiée dans mon cœur. Et c'est vrai. Il me faisait rire. Qu'il était drôle. Il a passé deux années dans ma classe. CP et CE1. C'est moi qui lui ai appris à lire et à écrire. Il en garde m'a-t-il dit un très bon souvenir. Je buvais du petit lait. Et sa mère est venue à son tour. Elle aussi participe à l'atelier. On a discuté un bon moment. On ne s'était pas vues depuis plus de 10 ans. On s'est donné nos adresses, nos numéros de téléphone pour se faire quelques sorties expos ou musées prochainement.

En remontant à la maison, j'ai renseigné un cycliste qui cherchait la Compassion. Moi, la Compassion, ça me connaît, j'ai su lui dire où aller.

Et puis, ce soir, je viens d'entendre les résultats des européennes en France. Et ça a gâché ce qui avait si bien commencé.

Comments

[zigmund]

j'avais laissé un commentaire tardif qui n'est pas passé

sur les évènements de la fin de ce dimanche je suis tellement choqué que finalement je ne veux/peux même pas en parler

[Fauvette]

Merci, je te lis depuis plusieurs mois, en venant de chez Seringat.

[Fauvette]

Cela aurait pu être un si joli dimanche ! Ce qui est vraiment inquiétant ce sont les jeunes qui pour un premier vote ont voté la haine. Très inquiétant pour la suite.

[Joe Krapov]

Tu devrais aller t'inscrire à cet atelier d'écriture ! C'est comme certaines chorales : c'est parfois joyeux et ça aide à oublier tout ce qui ne passe pas !

[Martin-Lothar]

Mais de quoi avez-vous peur ? Que s'est-il passé dimanche soir aux élections européennes ? Pour moi : rien absolument rien, sinon que moins d'un quart des électeurs européens inscrits (hors abstention profuse et nombreux bulletins blancs) ont remis leur jeton dans un bastringue à bout de souffle qui ne fait que brasser du vent depuis des lustres. Sans doute comme en 33, chère Celestine T à qui, si vous avez vécu cette époque, j'adresse tous mes hommages les plus respectueux et admiratifs, eu égard à votre grand âge.

Par ailleurs, les soi-disants ou les eux-disants héritiers d'Hitler (qui était plus ou moins trotskiste hein ! oui, oui — relisez votre Histoire ou son bouquin) sont complètement noyés dans la masse de députés qui n'ont absolument aucun pouvoir et qui, s'ils en avaient, ne rêveront jamais de changer un système qui leur permet de gagner en cinq ans ce que vous n'avez jamais engrangé en trente. Voilà.

De quoi avez-vous peur ? De la révolution, des Martiens, des loups ?

Bien à vous.