Bulles et macarons
Ce midi, dans la salle des maîtres où nous étions toutes devant nos gamelles, ça causait cuisine. Cuisine, pâtisserie, petits plats et grandes recettes. J'ai appris du vocabulaire : macaronner et croûter. Oui, parce que, une des collègues est fine pâtissière. Elle excelle dans l'art du macaron. Le saviez-vous ? Pour réussir des macarons, il faut séparer les blancs des jaunes d'œufs trois jours à l'avance, et puis sortir les blancs du frigo quelques heures avant de se lancer. Rien que ça, ça m'épate.
J'exprimais mon admiration, moi qui réussis laborieusement le gâteau-yaourt. Et je me lamentais. J'aime bien me lamenter. Je ne suis pas cuisinière, je fais à manger. Je ne suis pas femme d'intérieur, la déco m'emmerde. On vit dans un joyeux foutoir sans aucun style avec des objets qui sont là parce qu'on les aime et non pour compléter un décor. Je ne suis pas femme d'extérieur, jardiner m'emmerde aussi. Je tonds la pelouse contrainte et forcée, je plante quelques bulbes et photographie ce qui veut bien pousser. Je cherchais, je cherchais quels talents je pouvais bien avoir. Quels trucs pour me sentir unique, rare et précieuse.
J'ai trouvé : j'ai une vie intérieure très riche. En d'autres termes, j'aime buller, rêvasser et me raconter des histoires. Et ne me dites pas que vous êtes pareils, ça va me décevoir.