Le lait est un poison
On me dit, je lis, on me conseille de ne plus boire de lait de vache. J'écoute, j'opine, mais n'en fais rien. J'aime le lait. Je ne suis pas sevrée. J'en bois quotidiennement. Pas un litre. Un quart de litre à peu près. "C'est trop, me dit la kiné, prends du lait de soja ou du lait de chèvre." Le lait de soja, c'est dégueulasse. Comme le tofu. Pas de soja chez moi. Et le lait de chèvre, dans le earl grey, c'est vraiment pas terrible.
Quand j'étais petite, avant 6 ans, on allait chercher le lait tous les jours à la ferme. On avait une boîte à lait en alu. Ma mère le faisait bouillir, elle donnait la peau à mon père. Moi je n'aimais pas ça. On buvait un litre à trois au petit déjeuner. Chacun, son bol. Mon père et ma mère avec un peu de café, moi avec du Banania.
Je trempais mon pain sans beurre. Pas de beurre, pas de crème, pas non plus le gras du jambon. Le pain sans beurre, le crouton du pain de la veille. J'aimais le pain dur. Et puis le beurre faisait les yeux dans le lait et ça me dégoûtait.
Plus tard, quand nous avons déménagé pour le bourg, on est allé un peu dans une ferme. Pas longtemps. Trop de queue. Et puis le supermarché vendait des berlingots de lait cru bien pratiques. On ne buvait pas de lait stérilisé car il avait un goût prononcé. Mais le lait en berlingot était très bien. Je buvais toujours mon lait avec du chocolat. Le café, l'odeur du café me donnaient la nausée.
À la maison, on mangeait peu de fromage. C'était cher. De temps en temps, ma mère achetait un camembert. On mettait un peu de gruyère rapé sur les pâtes. Ma mère n'utilisait la crème fraîche que pour la cuisiner. C'était rare.
Maintenant, on a toujours un neufchâtel, c'est le fromage local, le fromage du pays de Bray. Celui que faisait mon arrière-grand-mère. Mon mari mange du fromage à chaque repas. Moi non. Je bois du lait.