54ème devoir de Lakevio du Goût : Coco bel oeil.
Alors voilà, maintenant il me regarde avec des yeux de chien battu. Il finirait par me faire croire que c'est moi la coupable et lui la victime.
Il ne dit rien, bien sûr, c'est tellement plus valorisant dans une posture de grand seigneur, de me laisser vitupérer, vociférer plutôt que de répondre. Je suis là à m'énerver, faire de grands gestes, hausser la voix. C'est moi, la folle, qu'on regarde d'un oeil supçonneux. On le plaint : être affublé d'une telle mégère, pauvre homme. Quelle patience il a ! Faut-il qu'il l'aime !
- Hé, messieurs-dames, ne vous y trompez pas. Ce joli coeur que vous plaignez, est une enflure de première. Avec ses airs de gentil, il vous embobine, vous entourloupe, vous roule dans la farine. Et quand ce ne serait que cela, non, croyez-moi, c'est des tours pendables, des vices malhonnêtes et malodorants que cachent ses billes bleues. Ses lèvres fines et si bien ourlées profèrent des monstruosités difficiles à entendre et impossibles à digérer. Avec ses vêtements de travail, il veut vous faire croire qu'il se tue à la tâche. Des clous. Malfaisant et fainéant, voilà le bonhomme.
Non, moi, je vous le dis, et vous pouvez me croire, je le pratique, ce coco-là, passez votre chemin, vous ne vous en porterez que mieux. Laissez-moi me dépatouiller avec l'olibrius. Je vais l'envoyer faire son cinéma ailleurs, il y en aura bien une qui lui trouvera du talent.