Pfiou !!!
Le remplacement se termine. Et je me dégonfle comme une vieille baudruche. J'en pleurerais. Toute l'attention, toute la tension de ces cinq mois, toute la patience qu'il m'a fallu déployer, tout le temps que j'ai passé à essayer de les tirer vers le haut...tout ça, et bien, j'en pleurerais. Du reste, j'en pleure. Et je fais le point.
Le pauvre gosse, le gamin du placard, a perdu sa mère qui n'était pas au top, c'est le moins qu'on puisse dire, mais le voilà orphelin. Le petit cancéreux est de nouveau hospitalisé, la chimio a fragilisé ses bronches, il se chope toutes les cochonneries qui passent et justement il en passe beaucoup ces temps-ci. L'enfant épileptique va rester dans le circuit normal malgré l'avis de la MDPH ( maison du handicap), ses parents ne veulent pas qu'il s'éloigne pour aller dans une classe spécialisée. Un des lascars qui ne savait pas lire, ne sait toujours pas lire malgré l'aide personnalisée, malgré les interventions du réseau, malgré le CMPP, malgré son année de retard, j'ai reçu les parents et commencé à aborder l'idée de la déficience, d'examens médicaux plus poussés.
Il me reste deux jours à faire et je suis pleine d'interrogations. Les ai-je aidés ? Vont-ils réussir ? Et réussir à quoi ?
Je ne dors plus, c'est comme ça, quand je suis fatiguée, je ne dors plus. À la maison, tout le monde rase les murs. Moi, j'ai besoin de temps
libre pour rêvasser, buller, faire du rien. Sinon, je deviens
invivable. Tout le monde le dit dans la maison: " Berthoise, arrête un
peu, tu nous fatigues." Tout m'agace, et quand je suis agacée, je râle
ou je pleure. Je suis d'un commerce agréable qui plombe l'ambiance
familiale. Hier soir, Poulette a accueilli son père en lui glissant à
l'oreille: " Elle est fatiguée !". Le père m'a dit goguenard que
dix minutes plus tard, il avait toqué à sa porte pour lui répondre que
ça y était, il avait pris sa soufflante. Ils en rient, je trouve qu'ils
sont de bonne composition.
Plus que deux jours, bien sûr, ce n'est rien. Il faudrait que je dorme.