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c'est du tout venant
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18 février 2010

Un autre Claude

Claude, ah Claude. Elle se souvient bien de lui. Ils étaient tout un groupe qui venait les chercher pour les emmener boire des bières, pour qu'elles les écoutent répéter et fassent la claque entre les morceaux. Ils venaient les chercher, elles. Et elle suivait, elle emboîtait le pas, elle se glissait à l'arrière des voitures, coincées entre des filles qui pouffaient et  piaillaient. Pour se faire entendre, il aurait fallu crier, elle ne voulait pas crier et se laissait oublier. Mais Claude ne l'oubliait pas, il lui tendait sa bière pour qu'elle la termine, lui souriait en caressant sa basse. Quand il fallait rentrer, il la déposait, l'embrassait à la lisière de la joue et du cou, tout près de l'oreille, où la peau se cache sous un fin duvet. Elle allait aux répètes, puis elle chantait toute la nuit, elle se berçait et se caressait en pensant à lui. C'était doux, c'était tendre. Claude. Un jour viendrait où ils sauraient se trouver. Mais, ce n'était pas maintenant, il fallait attendre. C'est bon d'attendre quand on est sûr de l'issue. Elle attendait Claude, il l'attendait aussi. Et puis, c'était venu, ça s'était fait comme ça. Un soir, il ne l'avait pas déposée, l'avait emmenée dans la chambre où ils s'étaient aimés. C'était doux, c'était tendre. Ça avait duré un peu, puis ils s'étaient lassés, ils s'embrassaient de nouveau à la portière de la voiture pour se quitter . Elle n'était plus descendue pour aller aux répètes. Ils se saluaient en souriant quand ils se croisaient. Ils avaient fini par ne plus se voir. Il était parti. Bien des années plus tard, un jour, Claude était revenu. Elle avait été contente de le rencontrer et lui aussi, elle lui avait raconté sa vie, avait écouté la sienne. C'était doux, c'était tendre.

Avec ma copine Clarisse, je suis allée écouter son fiancé du moment jouer de la guitare avec ses potes. La salle des fêtes était  assez vaste pour nos deux chaises. Il y avait plein de micros, des fils, des amplis, des instruments pour faire du bon gros son bien lourd. Ça s'est très bien passé, c'était charmant. J'ai malgré tout un petit peu peur, car mon amie m'a dit, au moment de se quiller, qu'ils enregistraient chaque répète, pour parfaire leur jeu : croyez-vous qu'ils vont entendre toutes les réflexions que j'ai pu faire à Clarisse, sur le déhanché de l'un, la moue de l'autre, enfin tout ce qu'on peuvent se raconter des copines, quand des hommes se trémoussent en rythme devant elles ?


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Commentaires
B
zigmund > Ben non, je ne crois pas qu'il y ait prescription, ça c'est vrai et ça date de cette semaine. :D<br /> Teb > Tendres et doux ?
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Z
c'est assez rare ce genre d'histoire qui finit "bien" disons sans pleurs. quant à ce que vous avez pu vous raconter entre filles on peut craindre le pire effectivement mais il y a prescription je suppose...
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T
Tes mots me ramènent à de bien tendres souvenirs...
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B
Caro > J'aime bien attendre. C'est bizarre, mais j'ai rarement l'impression de perdre mon temps. L'attente, c'est l'inaction permise.<br /> Tilleul > :) c'est ça une bonne critique.
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C
L'attente.<br /> Quand on sait attendre, je crois que l'on sait que l'on a changé non?<br /> Sous la douceur des uns il y a parfois un autre monde. J'ai toujours cru aux faux semblants.
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