Bouquin
J'aime me promener sur les quais quand le printemps revient et qu'une douce chaleur pousse mon dos à aller un peu plus loin. La lumière nouvelle donne aux visages des badauds une mine accorte, leur bonhomie répondant à mon air réjoui.
Sans doute ai-je l'air niais à déambuler ainsi.
Je vais.
Je fouille dans les grosses boîtes vertes accrochées au muret qui longe le fleuve. Je cherche. Quoi au juste, je ne sais pas.
Un livre rare ou une gravure qui me racontera une histoire.
Une bande dessinée peuple la jungle d'éléphants menaçants, de tigres effrayants et de gentils sauvages. Un manuel d'histoire donne des couleurs à Saint Louis sous son chêne, à Jeanne d'Arc devant Orléans.
Les éditions originales ne m'intéressent pas, je ne suis pas collectionneuse. Je préfère un livre de poche corné et annoté.
Un jour, j'ai trouvé un livre d'Anatole France.
Vieille baderne, direz-vous, et alors.
J'ai relu tout émue, ses souvenirs d'enfance qui rejoignent les miens quand Le livre de mon ami donnait textes de dictée ou séances de lecture.
Je l'aurais voulu neuf que je n'aurais pas pu.
Il n'est plus édité.
Mon mari trouve ça mièvre( ce que j'écris , pas Anatole France, quoique... ) et je l'emmerde.