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Ça devait arriver, ça arrive régulièrement, au moins une fois par an. Mais d'habitude, c'est plus tôt en saison, enfin, c'est en hiver, je veux dire, ou en automne. Je veux dire, mais je ne peux pas dire, je n'ai plus de voix. Je suis aphone. Je ne suis pas allée au boulot, impossible de travailler sans outil. Je vois le toubib, tout à l'heure. Je sais déjà à quelle sauce, il va m'assaisonner : repos et cortisone. Et lundi, je retournerai au turf. Et dimanche, j'irai écouter chanter les copains, puisque je ne pourrai pas les accompagner. C'est un peu con, vous ne trouvez pas, on chante en concert le jour de la saint Glinglin, et il faut que je sois sans voix à ce moment-là. Bon, tant pis. Puisque c'est comme ça, je tire une colossale flemme en passant de l'ordi au lit et du lit à l'ordi. Je lis trois pages, referme le livre, remonte la couverture, pense à tout ce que je pourrais faire si, tout ce que je devrais faire si, souris en pensant que non, tousse un peu et ferme encore les yeux.