De la nécessité de la petite laine
C'est l'automne qui ne me vaut rien. Il fait un froid de chien. Je n'ai pas réussi à me réchauffer de la journée, noyé dans le brouillard et l'humidité qu'on était. Je suis partie dans le matin blême pour une petite école pas bien loin de chez moi. Des gamins sympas, pas trop nombreux dans une classe pourrie. Un vieux préfa de 40 ans qui tombe en ruine, avec des portes qui laissent passer l'air et des radiateurs poussifs, un éclairage minable, la misère. Je peux vous le dire, depuis le temps que je me balade de classes en classes et de villages en villages, les communes rurales n'ont plus un sou. Les écoles ne sont pas leur priorité, ni leurs routes, ni quoi, qu'est-ce qui est leur priorité ? Je ne sais pas. Mais je vous assure que ça fait pitié. Je me demande même si le cancer de la plèvre ne me menace pas, dans ce truc, si ça trouve bourré d'amiante qui part en lambeau. Pourri, je vous dis. Planté depuis 40 ans au milieu d'une cour. J'y suis pour la semaine. Demain, j'y vais avec le damart et la thermos. Faut savoir s'équiper.