Ce matin
J'ai commencé la rééducation. P☠tain, c'est dur ! Je n'ai plus aucune confiance dans ma jambe. Dans les exercices d'équilibre je me cramponne comme une malheureuse à l'espalier. Le jeune kiné, un nouveau que je ne connaissais pas, m'a répété ce que tout le monde me serine, ça va être long.
J'ai une mine de papier mâché. Le manque de sommeil. Cette nuit, j'ai ouvert un livre. " Contes et légendes tirés de l'Énéide". De la haute littérature. Je me souviens l'avoir déjà lu quand j'étais en 6ème. Mais il m'est impossible de me concentrer sur un truc plus consistant.
J'ai trouvé ce bouquin dans la boîte à livres qui a été placée sur la voie verte au bord de l'Epte. On est allés marcher un peu samedi, l'histoire de digérer le coup de la chirurgie. Le coup, il faudra aussi qu'on digère le coût. Se soigner coûte une fortune. Et on veut casser la sécu. Mais comment les gens vont-ils se soigner ?
Nous sommes 2, avec chacun un revenu moyen. On s'en sort, je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Mais je m'inquiète. Je suis allée chez un nouvel ophtalmo, la mienne est partie en retraite, elle prenait 23 euros, là j'ai payé 80 (remboursés 23 ). Et ne me dites pas que je pouvais en choisir un autre moins cher, c'est faux. Il n'y en a plus.
Je vois un rhumato, 70 euros. Mercredi, je vois une chirurgien, 70 euros encore minimum la consultation. Et combien va-t-il demander pour opérer ? ( Il va forcément vouloir opérer, il est chirurgien ).
On fait face à ces dépenses, là n'est pas le problème. Le problème est qu'on est dans la bonne classe moyenne et que je pense aux couples avec un seul revenu, aux femmes seules avec des enfants, aux chômeurs, aux travailleurs pauvres. Comment vont-ils s'en sortir ?
Cet après-midi, je vais chercher mes nouvelles lunettes. J'ai mangé avec une copine, hier midi. On a bien bavardé. Je perds tout. Ma carte d'identité, je m'en suis rendue compte en allant voter dimanche. J'ai perdu aussi le cadeau que ma mère avait rapporté de voyage pour le Grand. Je perds, j'oublie. Crénom, vivement que cette période ne soit plus qu'une histoire ancienne.
Je me relis, on pourrait croire que je déprime. Non. Ça va. Je tiens, le moral tient. Je regarde par la fenêtre, le ciel est bleu, il n'y a plus de feuilles sur les arbres et le soleil joue dans les branches nues, c'est joli.
Je viens de monter un siège ergonomique, vous savez, ce tabouret sur lequel on est à genoux. J'adore le mécano. Les modes d'emploi avec la quincaillerie, les plans de montage, c'est un défi qui me fait kiffer.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
Et aujourd'hui, j'écoute ça. "Gurdjieff - De Hartmann Vol 04: Meditation, par Alain Kremski"