L'amour du cinéma
Vincent Lindon, ce matin sur France Inter, disait qu'une chanson pouvait facilement être associée à une histoire d'amour mais que c'était rarement le cas avec un film. Il en tirait la conclusion que les chanteurs étaient plus dans l'immédiateté que les acteurs. À moins que ce ne soit le point de départ de sa réflexion, je ne sais plus car ça a appelé un souvenir qui m'a fait perdre le fil de son propos.
J'ai eu un amoureux qui a beaucoup compté dans ma vie. Un amoureux que j'ai éconduit. Parce que j'étais trop jeune pour vouloir m'engager mais que j'ai aimé passionnément. ( C'est beau hein ? On dirait du Delly). Il était grand, il était beau, il sentait bon l'humus et les grands bois.
Nous avions un projet de randonnée sur la route des crêtes dans les Ardennes. Il me semble bien là que c'est que sommes allés. Nous avions passé la journée à mettre au point certains détails pratiques de l'expédition. Il y avait lui, il y avait moi et un couple formé par un de ses potes et de la chérie du moment. Nous avions pas mal crapahuté à travers champs et bois. Nous avions même longé des cultures venant d'être traitées.
Le soir, un peu rompus, nous décidâmes ( un passé simple pour faire plaisir à Célestine et au Goût) d'aller poser nos fesses au cinéma.
Le retour de Martin Guerre ( 1982, ça permet de dater l'histoire).
Le retour de Martin Guerre, vous connaissez, Nathalie Baye, Gérard Depardieu (jeune), la supercherie, la tromperie, le mensonge et surtout l'amour. C'est un film triste qui finit mal. J'ai beaucoup pleuré, d'autant plus que je supportais mal les traitements agricoles déversés dans les champs que nous avions traversés. Mais j'ai pleuré aussi parce que j'ai toujours eu la larme facile et encore maintenant n'importe quel mélo me transforme en Madeleine. Je me souviens du film et cette soirée. C'était le dernier bon moment que nous passions ensemble. Je crois. Après on s'est fâchés. On a randonné dans les Ardennes dans une ambiance pesante et tendue. En gros et pour faire court, on s'est fait la gueule. Charmant pour les potes qui jouaient les intermédiaires. On a travaillé aussi ensemble l'été suivant. Toujours en se faisant la gueule. C'est vrai que j'étais impardonnable. Mais c'était prévu et nous avions pris des engagements. Et puis on ne s'est plus vus. Et je m'en suis longtemps voulu d'avoir gâché un si bel amour.
De même, je n'ai jamais revu "Le retour de Martin Guerre".